- trottin
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⇒TROTTIN, subst. masc.A. — Vx, péj. Laquais, petit valet. (Dict. XIXe et XXe s.).— [Avec une nuance de mépris] Féfé revenant de leçon, subissant l'escorte d'une bonne plus jeune qu'elle (...) — Je voudrais bien vous raconter... mais je vous demande un peu si c'est possible, avec ce trottin derrière moi (ESTAUNIÉ, Bonne dame, 1891, p. 170).B. — Vieilli. Coursier, commissionnaire d'un magasin, d'un atelier. Synon. vieilli trotteur. Des pièces de vingt, vingt-cinq, cent francs même commencèrent alors à tomber dans la poche de l'ex-trottin de librairie (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 12). Le gamin marin s'appelle mousse, le gamin soldat s'appelle tapin, le gamin peintre s'appelle rapin, le gamin négociant s'appelle trottin (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 324).— En partic. Apprentie, jeune ouvrière modiste ou couturière chargée de faire les courses, de livrer les chapeaux et les robes à domicile. Trottin de mode. Une grande affaire occupe tous les esprits, depuis celui de madame jusqu'à celui du trottin de la maison: une étoffe d'une nouvelle couleur vient d'arriver! (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1831, p. 340). Une petite blonde de seize à dix-huit ans, un trottin de modiste, qui avait au bras un large carton, traversa vivement (ZOLA, Paris, t. 1, 1897, p. 120).♦ [P. réf. au caractère léger et frivole prêté aux trottins] Son camarade Arlequin (...) est la coqueluche des tendrons et des trottins des alentours (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 288). Raymond Bonheur était un de ces délicieux vieux garçons, que Paris seul connaît (...) tout faits d'esprit de finesse, de discrète ironie, de retenue, mais au fond sentimentaux comme des cœurs de trottins (JAMMES, Mém., 1922, p. 189).— Empl. adj. Mme C... me plaît beaucoup malgré son air, qu'elle cache de son mieux, un peu trottin (LÉAUTAUD, Journal littér., 1908, p. 111).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1532 trottins « pieds de mouton » (G. DU WES, Grammaire, éd. F. Génin, p. 910b ds R. Ling. rom. t. 43, 1979, p. 30); b) 1596 trotins « pieds (d'une personne) » (PÉCHON DE RUBY, Vie généreuse, 36); 2. 1608 « animal qui trotte » (G. BOUCHET, Serees, XV, f° 62 r° ds GDF. Compl.); 3. a) 1652 « petit laquais ou petit commis qui fait les courses » (Mazarinades, 3e Suite du Parl. com. ds DG); b) 1831 « apprentie, jeune ouvrière de la couture, chargée des courses, des livraisons » (BALZAC, loc. cit.). Dér. de trotter; suff. -in; le mot est d'abord att. comme nom de pers. en 1198 en Normandie, vers 1285-95 en Champagne, en 1292 à Paris, en 1314 à Meaux, cf. K. MICHAËLSON, Galopin et trottin ds Mél. M. Roques, t. 4, p. 184, FEW t. 17, p. 374a, note 6. Fréq. abs. littér.:16.
trottin [tʀɔtɛ̃] n. m.❖1 Vx. Petit laquais, gamin (cit. 1) qui fait les courses.2 (1842). Vieilli (ou par allus. à l'époque 1900). Petite employée d'une modiste, d'une couturière…, chargée de faire les courses en ville. ⇒ Midinette (→ Calicot, cit. 2; chiffonner, cit. 7).1 (…) l'ouvrière en manteaux et en robes, la modiste, au teint mat, aux yeux polissons (…) le trottin, le petit trognon pâle, au nez un peu canaille, dont les reins branlent sur des hanches qui bougent !Huysmans, En ménage, V.2 La petite était vraiment sémillante et mise avec le goût particulier des trottins parisiens qui savent, en chiffonnant avec goût quelques morceaux d'étoffe, atteindre presque à l'élégance.Goron, l'Amour à Paris, t. II, p. 695.
Encyclopédie Universelle. 2012.